21/05/2014
21 mai / Dominique Venner... Présent !
A voir > Dominique Venner : Souvenirs
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13/05/2014
H.R. Giger nous a quitté...
CARNET NOIR
H.R. Giger, le père d'«Alien», est décédé
L'artiste suisse Hans Ruedi Giger qui avait notamment créé le monstre de l'espace «Alien» est décédé à l'âge de 73 ans à Zurich.
L'artiste grison Hans Ruedi Giger est décédé hier, lundi 12 mai 2014. Il est mort à l'âge de 74 ans à Zurich, a confirmé ce matin le Musée H.R. Giger de Gruyères.
H.R. Giger doit beaucoup de sa renommée au film "Alien" dont il a créé le monstre et qui lui a valu un Oscar en 1980. L'artiste est considéré comme l'un des plus marquants du réalisme fantastique. Né le 5 février 1940 à Coire (N.d.K : Suisse, canton des Grisons), H.R. Giger se passionne très tôt pour les créations fantastiques et macabres.
Son imagination fertile le conduit à étudier l'architecture et le dessin industriel à Zurich, indique son site Internet. Par la suite, il réalise des documentaires de court métrage. Bientôt il couche sur le papier des créatures mutantes et cauchemardesques qui associent êtres de chair et pièces mécaniques. Cette forme d'art qu'il nomme "biomécanique" va tout à la fois fasciner et inquiéter le public.
Naissance d'«Alien»
Maître de l'aérographe, ce peintre met en scène ses fantasmagories sur de grandes toiles, souvent dans les tons gris, bleu ou noir. En 1976, son livre "Necronomicon" attire l'attention du cinéaste américain Ridley Scott alors en quête d'un "look" pour la créature monstrueuse de son prochain film. Ce sera "Alien". Pour son travail sur ce long métrage, H.R. Giger recevra un Oscar. La terrifiante combinaison revêtue par un acteur pour interpréter le monstre extra-terrestre a été vendue aux enchères plus de 126.000 dollars il y a une dizaine d'années.
Il a ensuite apporté sa collaboration à d'autres films comme "Poltergeist 2" ou "Alien 3" ; et réalisé de nombreuses pochettes de disques telles celle de l'album "Koo Koo" de Debbie Harry ou celle du "Brain Salad Surgery" de Emerson, Lake and Palmer.
( Note de Kurgan : les journalistes de la presse grand public - que celle-ci soit suisse ou française - semblant ignorer, comme à leur habitude, l'existence même du Métal, j'ajouterai à leur "liste" les pochettes de Celtic Frost ("To Mega Therion"), Carcass ("Heartwork"), Danzig ("How the Gods Kill) et autres Triptykon ("Eparistera Daimones"), etc… qu'aucune nécro' de "presse" non métallique ne citera, mais qui ont toutes contribué à faire de H.R. Giger un artiste reconnu et apprécié par les métalleux du monde entier ! )
L'artiste a décliné son univers également sous forme de sculptures. Il a aussi signé du mobilier, des installations, des aménagements d'intérieur, des pochettes de disques ou contribué aux décors de la tournée de la chanteuse française Mylène Farmer en 1999-2000.
Musée à Gruyères
L'unique musée H.R Giger au monde a ouvert ses portes en 1998 dans la cité médiévale de Gruyères (canton de Fribourg). Cette institution privée montre en permanence 250 travaux du Grison, essentiellement des toiles et des sculptures.
Elle propose en outre des expositions temporaires d'autres créateurs.
Une exposition salue actuellement les talents du Grison en Finlande ; où le Musée d'art de Tampere présente jusqu'au 5 avril un choix de ses travaux, dont ses films.
(ats/Newsnet)
Article paru dans Le Matin (journal Suisse) en date du 13 mai 2014.
http://www.lematin.ch/loisirs/autres-arts/artiste-suisse-hr-giger-decede/story/21519586
Et porté à notre connaissance par l'ami Lemmy the Obi.
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25/03/2014
Oderus Urungus nous a quitté...
Oderus Urungus,
le chanteur du groupe Gwar, est mort !
Le chanteur David Brockie, plus connu des fans de Metal sous le pseudonyme d'Oderus Urungus, est décédé dimanche (23 mars 2014) à l'âge de 50 ans.
Il était le leader du groupe Gwar depuis 1984.
Le metal pleure l'un de ses plus singuliers chanteurs. David Brockie, alias Oderus Urungus, leader du groupe Gwar depuis 1984, est décédé ce dimanche à l'âge de 50 ans, révèle le site Style Weekly. D'après la police de Richemond, en Virginie, son corps a été retrouvé à son domicile par un ami. Les causes de sa mort n'ont pas encore été dévoilées.
Formation culte, aussi drôle que spectaculaire sur scène, Gwar se produisait avec masques et costumes monstrueux, son répertoire se démarquant par son humour à tendance scato. Parmi les titres de leurs albums : Scumdogs of the Universe, This Toilet Earth ou encore Ragnarok. Leur dernier opus, Battle Maximus, était sorti en 2013. Le groupe, qui avait tourné dans le monde entier l'an dernier, s'apprêtait à fêter ses 30 ans de carrière.
Deux fois nommés aux Grammy Awards
"Dave était impétueux, toujours crade, irrévérencieux et hilarant dans tout ce qu'il faisait", a réagi Mike Bishop, l'ancien bassiste du groupe. "Mais c'était aussi quelqu'un de profondément intelligent, intéressé par tous les aspects de la vie : l'histoire, la politique et l'art". Preuve de la reconnaissance par le métier, Gwar avait été nommé à deux reprises aux Grammy Awards : pour la chanson "S.F.W." en 1995 et pour le clip longue durée de "Phallus in Wonderland", en 1993.
Source : Metronews.fr (X)
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Oderus Urungus (Dave Brockie) :
Le leader du groupe de métal Gwar retrouvé mort.
Oderus Urungus, de son vrai nom David Murray Brockie, est mort. Le chanteur du groupe de Thrash Metal (N.d.Kurgan : z'avaient, bien entendu, écrit "trash metal", je me suis permis de corriger ! Même si dans le cas de Gwar, écrire Trash, "sans h", peut également faire l'affaire !?! Héhé!) Gwar a été retrouvé dans son appartement de Richmond en Virginie. C'est le colocataire de Brockie qui a découvert le corps assis sur une chaise peu avant 17 heures dimanche 23 mars. Dave Brockie avait 50 ans.
Selon le site américain TMZ.com, les forces de l'ordre ne soupçonnent aucun homicide et la thèse du suicide n'est pas privilégiée puisque aucune lettre d'adieu n'a été retrouvée sur les lieux. La police n'a pas non plus retrouvé de drogues.
Mike Bishop, ancien bassiste du groupe Gwar, a rendu hommage à Dave Brockie auprès de Style Weekly, un magazine culturel de Richmond : "Dave était l'une des personnes les plus drôles, intelligentes, créatives et énergiques que j'ai rencontrée. Il était parfois impertinent, toujours crasse et irrévérencieux, mais toujours drôle. Il était aussi profondément intelligent et passionné par la vie, l'histoire, la politique et l'art. Son penchant pour l'humour scato cachait un esprit lucide. C'était un parolier criminellement sous-estimé et l'un des meilleurs chanteurs de Hard Rock ! Un frontman génial, un peintre génial, un auteur et un sacré bon bassiste. Je l'aimais. Il avait beaucoup d'empathie et un sens aigu de la justice."
Créé en 1984, Gwar est rapidement devenu le groupe le plus célèbre de Richmond. Avec leurs costumes et leur trash metal (N.d.Kurgan : je laisse "trash metal" tel que, ce coup-ci), les membres de Gwar se sont aussi fait connaître par leurs prestations live délirantes - ils notamment dépecé un faux Justin Bieber sur scène en 2013. En 1994, deux de leur clips - Saddam a Go-Go et The Road Behind - sont diffusés durant un épisode de Beavis et Butt-Head sur MTV. Les membres de Gwar deviennent alors des stars mondiales. Leur 13e album, Battle Maximus, est paru en 2013. Gwar venait de boucler une tournée australienne.
Source : Purepeople.com (X)
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16/01/2014
Dian Fossey
10:28 Publié dans In Memoriam | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dian fossey, in memoriam
22/05/2013
Dominique Venner / 16 avril 1935 - 21 mai 2013
Dominique Venner / 16 avril 1935 - 21 mai 2013
Avant de se donner la mort, hier, mardi 21 mai à 16 heures, devant l’autel de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, l’écrivain et historien Dominique Venner a fait parvenir une lettre à ses amis.
La dernière lettre de Dominique Venner.
Je suis sain de corps et d’esprit, et suis comblé d’amour par ma femme et mes enfants. J’aime la vie et n’attend rien au-delà, sinon la perpétuation de ma race et de mon esprit. Pourtant, au soir de cette vie, devant des périls immenses pour ma patrie française et européenne, je me sens le devoir d’agir tant que j’en ai encore la force. Je crois nécessaire de me sacrifier pour rompre la léthargie qui nous accable. J’offre ce qui me reste de vie dans une intention de protestation et de fondation. Je choisis un lieu hautement symbolique, la cathédrale Notre-Dame de Paris que je respecte et admire, elle qui fut édifiée par le génie de mes aïeux sur des lieux de cultes plus anciens, rappelant nos origines immémoriales.
Alors que tant d’hommes se font les esclaves de leur vie, mon geste incarne une éthique de la volonté. Je me donne la mort afin de réveiller les consciences assoupies. Je m’insurge contre la fatalité. Je m’insurge contre les poisons de l’âme et contre les désirs individuels envahissants qui détruisent nos ancrages identitaires et notamment la famille, socle intime de notre civilisation multimillénaire. Alors que je défends l’identité de tous les peuples chez eux, je m’insurge aussi contre le crime visant au remplacement de nos populations.
Le discours dominant ne pouvant sortir de ses ambiguïtés toxiques, il appartient aux Européens d’en tirer les conséquences. À défaut de posséder une religion identitaire à laquelle nous amarrer, nous avons en partage depuis Homère une mémoire propre, dépôt de toutes les valeurs sur lesquelles refonder notre future renaissance en rupture avec la métaphysique de l’illimité, source néfaste de toutes les dérives modernes.
Je demande pardon par avance à tous ceux que ma mort fera souffrir, et d’abord à ma femme, à mes enfants et petits-enfants, ainsi qu’à mes amis et fidèles. Mais, une fois estompé le choc de la douleur, je ne doute pas que les uns et les autres comprendront le sens de mon geste et transcenderont leur peine en fierté. Je souhaite que ceux-là se concertent pour durer. Ils trouveront dans mes écrits récents la préfiguration et l’explication de mon geste.
Dominique Venner.
Dominique Venner sera à jamais présent à nos côtés.
>>> http://lecheminsouslesbuis.wordpress.com/
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Blog de Dominique Venner - 21 mai 2013.
Les manifestants du 26 mai auront raison de crier leur impatience et leur colère. Une loi infâme, une fois votée, peut toujours être abrogée.
Je viens d’écouter un blogueur algérien : « De tout façon, disait-il, dans quinze ans les islamistes seront au pouvoir en France et il supprimeront cette loi ». Non pour nous faire plaisir, on s’en doute, mais parce qu’elle est contraire à la charia (loi islamique).
C’est bien le seul point commun, superficiellement, entre la tradition européenne (qui respecte la femme) et l’islam (qui ne la respecte pas). Mais l’affirmation péremptoire de cet Algérien fait froid dans le dos. Ses conséquences serraient autrement géantes et catastrophiques que la détestable loi Taubira.
Il faut bien voir qu’une France tombée au pouvoir des islamistes fait partie des probabilités. Depuis 40 ans, les politiciens et gouvernements de tous les partis (sauf le FN), ainsi que le patronat et l’Église, y ont travaillé activement, en accélérant par tous les moyens l’immigration afro-maghrébine.
Depuis longtemps, de grands écrivains ont sonné l’alarme, à commencer par Jean Raspail dans son prophétique Camp des Saints (Robert Laffont), dont la nouvelle édition connait des tirages record.
Les manifestants du 26 mai ne peuvent ignorer cette réalité. Leur combat ne peut se limiter au refus du mariage gay. Le « grand remplacement » de population de la France et de l’Europe, dénoncé par l’écrivain Renaud Camus, est un péril autrement catastrophique pour l’avenir.
Il ne suffira pas d’organiser de gentilles manifestations de rue pour l’empêcher. C’est à une véritable « réforme intellectuelle et morale », comme disait Renan, qu’il faudrait d’abord procéder. Elle devrait permettre une reconquête de la mémoire identitaire française et européenne, dont le besoin n’est pas encore nettement perçu.
Il faudra certainement des gestes nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes.
Il faudrait nous souvenir aussi, comme l’a génialement formulé Heidegger (Être et Temps) que l’essence de l’homme est dans son existence et non dans un « autre monde ». C’est ici et maintenant que se joue notre destin jusqu’à la dernière seconde. Et cette seconde ultime a autant d’importance que le reste d’une vie. C’est pourquoi il faut être soi-même jusqu’au dernier instant. C’est en décidant soi-même, en voulant vraiment son destin que l’on est vainqueur du néant. Et il n’y a pas d’échappatoire à cette exigence puisque nous n’avons que cette vie dans laquelle il nous appartient d’être entièrement nous-mêmes ou de n’être rien.
Dominique Venner
( http://www.dominiquevenner.fr/2013/05/la-manif-du-26-mai-et-heidegger/ )
« Quand j’étais gamin, petit Parisien élevé au gaz d’éclairage et au temps des restrictions, mon père m’avait envoyé prendre l’air à la campagne, aux soins d’un vieux couple. Lui était jardinier, il bricolait çà et là, entre les plants de carottes et les rangs de bégonias. Le bonhomme était doux et tendre, même avec ses ennemies les limaces. Devant sa femme, jamais il n’ouvrait la bouche, à croire qu’elle lui avait coupé la langue et peut-être autre chose. Il n’avait même pas droit aux copains c’est-à-dire au bistrot. J’étais son confident, le seul, je crois, qui eut jamais ouvert le cœur à sa chanson. Il me racontait le temps lointain quand il avait été un homme. Cela avait duré quatre années terribles et prodigieuses, de 1914 à 1918. Il était peut-être un peu simple d’esprit mais son œil était affûté et son bras ne tremblait pas. Un officier avait repéré les aptitudes du bougre et fait de lui un tireur d’élite, un privilégié. Armé de son Lebel, li cartonnait ceux d’en face avec ardeur et précision, sans haine ni remords. Libre de sa cible et de son temps, exempté de la plupart des corvées, il était devenu un personnage ; Il tirait les porteurs d’épaulettes et de galons en feldgrau. Il me cita des chiffres incroyables qui avaient sans doute gonflé dans sa petite tête radoteuse en trente ans de remachouillis solitaires. Avec lui j’ai découvert cette vérité énorme que la vie d’un homme, ce ne sont pas les années misérables qui se traînent du berceau à la tombe, mais quelques rares éclairs fulgurants ; Les seuls qui méritent le nom de vie. Ceux que l’on doit à la guerre, l’amour, l’aventure, l’extase mystique ou la création. A lui, la guerre, généreusement, avait accordé quatre ans de vie ; Privilège exorbitant au regard de tous les bipèdes mis au tombeau sans jamais avoir vécu. »
« Mes choix profonds n’étaient pas d’ordre intellectuel mais esthétiques. L’important pour moi n’était pas la forme de l’Etat –une apparence- mais le type d’homme dominant dans la société. Je préférais une république ou l’on cultivait le souvenir de Sparte à une monarchie vautrée dans le culte de l’argent. Il y avait dans ces simplifications un grand fond de vérité. Je crois toujours aujourd’hui que ce n’est pas la Loi qui est garante de l’homme mais la qualité de l’homme qui garantit la Loi. »
« J’ai rompu avec l’agitation du monde par nécessité intérieure, par besoin de préserver ma liberté, par crainte d’altérer ce que je possédais en propre. Mais il existe plus de traverses qu’on ne l’imagine entre l’action et la contemplation. Tout homme qui entreprend de se donner une forme intérieure suivant sa propre norme est un créateur de monde, un veilleur solitaire posté aux frontières de l’espérance et du temps. »
Dominique Venner, Le cœur rebelle. 1994.
( http://hoplite.hautetfort.com/archive/2008/12/07/rebelle.html )
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03/05/2013
Jeff Hanneman - 2 mai 2013
Jeff Hanneman ( 31 janvier 1964 / 2 mai 2013 )
12:24 Publié dans In Memoriam | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jeff hanneman, slayer, in memoriam
07/01/2012
Addams Family
Charles Samuel Addams,
Né le 7 janvier 1912 et mort le 29 Septembre 1988, était un auteur américain de bande dessinée, connu pour son humour noir et ses personnages macabres.
Il est notamment l'auteur de La Famille Addams, qui est à l'origine de deux séries animées, trois films, une comédie musicale de Broadway et de deux séries télévisées.
11:23 Publié dans In Memoriam | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : charles samuel addams, addams family, in memoriam
21/12/2011
La Messe Rouge du Père-Lachaise.
Les trois voitures remontent l'avenue Gambetta qui longe le mur nord du cimetière du Père Lachaise.
Nous ouvrons la marche, bien installé dans la première voiture. Nous... C'est à dire moi-même, Sylvie, Pierre et René. Sylvie regarde dans le rétroviseur et s'assure de la bonne marche de l'opération, puis se gare en douceur le long de l'avenue, d’ailleurs déserte à cette heure tardive de la nuit. Les phares de la seconde voiture nous collent de très près. A l'intérieur, une équipe de télévision d'Antenne 2 conduite par Alain Bougrain-Dubourg.
Le troisième véhicule se gare à son tour. En descendent Patrick Rigoulet et Paul Kayat, tous deux journalistes.
Alain Bougrain-Dubourg est déjà à la hauteur de notre voiture. Sylvie descend sa glace :
« Eteignez vos phares. Si une voiture de police remonte l'avenue, je ne pense pas que vos cartes de presse suffiront pour couvrir ce qui va suivre. »
– Nous y sommes ?
– Oui. C'est là ».
Je désigne du doigt, de l'autre côté de l'avenue Gambetta, la petite grille hérissée de piques qui protège l'accès qu square.
« Vous pouvez sauter cette grille avec le matériel de télévision ?… »
– Sans doute. Et ensuite ?…
– De l'autre côté du square se trouve le mur nord du cimetière. Second et dernier obstacle. »
Et nous voici partis à l'assaut de la grille du square. Plus de dix personnes escaladant cette rangée de pals aiguisés, en pleine lumière, sous l'éclairage des réverbères de l'avenue.
Caméras, appareils photos et micros défilent de l'un à l'autre à travers la grille, comme des armes interdites, un soir de guérilla urbaine. Mais nous nous attaquons à plus forte partie. Rien de moins que deux mille ans d'institution morale dressés devant nous avec le mur de ce cimetière fermé la nuit par respect pour les superstitions sociales. Un mur, énorme de stupidité et d'hypocrisie, apparemment inaccessible, beaucoup plus hermétique qu'un coffre de banque… Quelques mois auparavant, sous le prétexte d'un reportage (d'ailleurs publié dans un magazine), j'avais eu une discussion téléphonique avec les autorités du Père-Lachaise.
« Pourquoi est-il impossible de circuler de nuit dans le cimetière ? » Avais-je demandé.
Réponse des autorités :
« Vous tomberiez sous le coup de la loi. Violation de sépultures, sacrilèges, etc., tout cela relève du code Pénal. Après la fermeture du cimetière, il n'y a plus aucun gardien. Mais la hauteur des murs suffit comme protection… »
Violation de sépultures !… Etrange, cette formule tirée du code Pénal, qui ne veut d’ailleurs absolument rien dire puisqu'il s'agit avant tout – pour nous – de célébrer une liturgie sacrée, beaucoup plus ancienne que le christianisme, sur des tombes au fond desquelles reposent des adeptes de la Vielle Magie !
Ainsi j'affirme que l'importance de ces visites de nuit ne sont pas obligatoirement sacrilèges. Lorsqu'on aura compris que la fonction du cimetière – de tous les cimetières – est celle de l'éveil, – puisqu'elle permet d'envisager différemment l'homme à travers sa propre mort –, peut-être ce jour là verrons-nous un « personnel de nuit » prêt à nous accueillir à l'intérieur des nécropoles, lorsque la censure nocturne sera levée.
Mais pour que ceci soit possible, il faudra d'abord que le tabou de la mort s'effondre et que l'homme comprenne la familiarité et l'insolite des tombes, qu'il les envisage comme un moyen de se mieux connaître. Le cimetière n'est pas simplement un endroit ombragé où l'on peut passer l'après midi entre une bobine de laine et un roman policier. C'est là que la censure devrait frapper, en éliminant cet aspect profane qui est le véritable sacrilège, la négation de l'énigme de la mort que nous portons en nous.
La nuit réveille le sacré. Lorsque l'homme comprendra qu'il lui faut faire face à son propre mystère, ce jour là il chassera les commères qui ronronnent entre les tombes, et il ouvrira toutes grandes les portes de la nuit: alors, la visite nocturne deviendra un rite, simplement parce que l'homme posera sur lui-même un nouveau regard.
Nous attendons l'ouverture des cimetières après la tombée du jour, parce qu'avec elle c'est la vision de l'homme qui s'ouvrira inévitablement.
En attendant, nous voici traînant un banc de square à travers les taillis, l'appliquant à la verticale contre le mur d'enceinte, escaladant le long de cette « échelle » improvisée les trois mètres qui nous séparent du sommet.
Je grimpe le premier le long du banc. De l'autre côté du mur, l’immense cité des morts plongée dans la nuit, avec la multitude des tombes dressées dans le noir. Je saute les quelques mètres qui me séparent du sol… et me voici à l'intérieur du Père-Lachaise.
Rares sont ceux qui peuvent revendiquer ce luxe : découvrir le plus grand cimetière parisien en pleine nuit, et posséder pour soi sa solitude et son mystère, s'offrir ainsi – à minuit – le voyage d'un vivant au pays des morts ! Ce privilège vaut bien une petite entorse au code Pénal. Qu’importe la barre d'un tribunal, s'il faut passer par là pour célébrer les dernières fêtes de la beauté !…
Seul à l'intérieur du cimetière, pendant quelques instants, avant que ne descendent journalistes et matériel de télévision, je m'enivre à nouveau d'orgueil en songeant à l'ivresse de celui qui pénètre dans un monde interdit, que l'on croyait à tout jamais disparu. Il est le seul. Pour longtemps. Et l'univers entier lui appartient.
L'allée sombre s'enfonce à travers les tombeaux de marbre. Et nous voici, explorant la cité cyclopéenne, traversant des places bordées de chapelles innombrables, à la recherche de la crypte secrète où aura lieu tout à l'heure la Messe Rouge. Chaque mausolée cache une zone d'ombre qui plonge dans de mystérieuses profondeurs. Les rues succèdent aux rues, les tombeaux aux tombeaux, les allées portent des noms étranges: chemin du Dragon, allée Errazü, avenue Feuillant…
Alain Bougrain-Dubourg a déjà filmé l'escalade du mur d'enceinte. Le voici filmant notre marche à travers les allées du cimetière. Nous descendons l'allée transversale, vêtus de grandes capes noires dont les mouvements imitent les ailes des chauves souris. Pour ne pas être identifiés (au moment du tournage, nos identités devaient rester secrètes) nous avons enfilé des cagoules noires qui nous donnent des airs d'inquisiteurs à la recherche du tombeau hérétique.
Allée Errazü : le chemin s'ouvre en plongée et descend jusqu'à l'allée circulaire, non loin de l'avenue principale qui donne accès à la grande porte du cimetière.
Nous sommes dans la 68ème division. Je connais parfaitement les lieux. Aucune erreur n'est possible.
Je me glisse à travers deux tombeaux, suivit par Sylvie, Pierre et René. Les caméras tournent toujours. La silhouette de la petite chapelle se découpe dans l'obscurité. La porte d'entrée, sans doute arrachée par des vandales, gît sur le seuil du mausolée. Je me penche, tâtonne dans le noir et retire une bougie de cire sale, à demi-consumée. La flamme d'une allumette. La mèche brûle maintenant, haute et droite, sur le sol de la chapelle. Sa clarté découvre un curieux coffret de terre cuite au couvercle brisé. A l'intérieur, des ossements humains, sans doute ramenés du crématorium voisin. Je suis à genoux à l'entrée du tombeau.
J'élève les mains pour la première invocation, avant la prise rituelle des ossements qui serviront à la Messe Rouge curieux spectacle que cette perche armée d'un micro, traquant le son à minuit, à l'intérieur du Père-Lachaise, que ces caméras silencieuses cherchant l'angle juste, entre les tombes…
Le silence; L'éclairage spectral de ce caveau où s'agite la flamme d'un cierge.
« Seigneur de la Mort et de la Résurrection, Seigneur dispensateur de vie, toi dont le nom est le mystère des mystères, donne le courage à nos cœurs ! »
Une main élève le calice au-dessus du coffret de terre cuite. La mince pellicule d'or brille à hauteur du cierge, et c'est un soleil d'or qui reçoit, un à un, les ossements humains arrachés à la tombe. Ainsi, le corps du défunt devient présence vivante à l'intérieur du calice. Ce qui reste du corps repose sur le mince tapis d'or, et prend tout à coup une signification nouvelle: c'est de résurrection qu'il s'agit, de victoire sur la mort, d'une splendeur immédiate, comme si l'or inaltérable vivait au cœur de la décomposition.
Sylvie protège le calice à l'intérieur de sa cape, et il devient pour elle la coupe du Graal nocturne. Nous reprenons notre marche entre les grands blocs de pierre sombre, remontant l'allée Errazü jusqu'à l'allée transversale, et au-delà, vers la partie plus ancienne du cimetière.
Des tombes baroques s'inclinent et disparaissent dans la végétation. Au fur et à mesure que nous approchons de la partie la plus ancienne, la végétation se fait plus dense, les mausolées plus étranges, les chapelles vieilles de plusieurs siècles ont des airs de pagodes funèbres. Pas un mouvement, pas un bruit… et pourtant, des présences invisibles se font sentir. Je sais que chacune d'elle attend l'heure de la Messe Rouge, guette l'animal vivant que Pierre traîne dans un sac entre les tombes. Elles savent déjà qu'elles sont invitées à la table de sang, et que c'est de leur présence que nous tirons la beauté de notre certitude; celle d'une fatalité splendide, où brillent tous les feux du romantisme noir. La chapelle se dresse dans l'ombre, en bordure du chemin qui conduit aux tombeaux de Molière et de la Fontaine. Là aussi, la porte de fer forgé a été enlevée. Le lierre qui recouvre la façade dissimule le nom du défunt. La torche électrique d'Alain Bougrain-Dubourg révèle la pierre à demi mangée par la mousse, les fenêtre en ogive dont les vitraux brisés pendent au-dessus des hautes herbes qui encerclent le tombeau. Il semble que la mort ait quitté la tombe pour venir se reprendre sur la pierre; qu'elle ait quitté cette ruine funèbre pour envahir le cimetière tout entier. Une mort vivante, d’evenue autonome, douée d'une vie réelle, pleine d'une volonté inflexible, déterminée, consciente. Quelque chose comme l'état de non-mort dont parlent les légendes et que les textes anciens appellent « vampirisme ». Le défunt – si ce mot veut encore dire quelque chose dans cette solitude remplie de présence – s'appelle Charles Délos. Nous savions qu'il avait vécu au milieu du siècle dernier et qu'il s'était adonné aux pratiques de magies rouges. Je me tourne vers Bougrain-Dubourg et lui explique pour qu'elle raison nous avons choisi ce tombeau : « C. Délos a consacré sa vie entière à lutter contre la mort. Vous saisissez son importance pour nous. La crypte dans laquelle nous allons descendre ne contient plus de cercueil depuis déjà longtemps. Problème de place, sans doute. Mais cela ne change rien à la valeur du lieu. Il reste le catafalque de pierre qui portait le cercueil. C'est sur ce catafalque que se pratiquent les opérations de nécromancie. A l'intérieur de la tombe, nous avons déposé de la terre ramenée de l'île de Snagov, en Roumanie. Cette terre a été prélevée dans les ruines du tombeau de Dracula. Ainsi nous célébrons la Messe Rouge sur la terre du prince des vampires. De lui à nous, à travers ce caveau, la chaîne des initiées de la nuit est ininterrompue. »
C'est la première fois que nous tentons une telle opération magique devant les caméras de télévision. Nous avons accepté à une seule condition : pouvoir expliquer en direct du plateau de télévision, le jour de la retransmission, la raison profonde de ces Messes Rouges. Une réhabilitation, en quelque sorte, une fête funèbre offerte aux téléspectateurs. Tant pis si ceux-ci ne comprennent pas. Ce sera notre manière à nous, pour un soir, de construire nos châteaux en enfer, d'édifier des utopies imprenables, de montrer le pouvoir du geste, et de la beauté du sacrifice de sang, après deux mille ans d'impostures.
Nous descendons l'escalier étroit qui conduit à la crypte. L'obscurité est épaisse. Le silence semble peser tout à coup beaucoup plus lourd que la pierre. Les marches s'enfoncent dans les ténèbres qui sentent la moisissure et l'humidité. L'escalier tourne brusquement… Le catafalque de pierre s'ouvre au fond de la crypte. La torche du journaliste découvre des crochets de fer rouillés, des toiles d'araignée remplies de cadavres d'insectes nocturnes… La caméra paraît monstrueuse dans ce lieu où le temps semble définitivement arrêté…
La Messe Rouge peut commencer.
Pierre et Sylvie allument les chandeliers du rituel.
Qui pourrait deviner, en cette nuit de décembre, au cœur du Père-Lachaise, la flamme des cierges, à l'intérieur d'une crypte abandonnée depuis près d'un siècle ?…
Derrière le catafalque, le tombeau vide attend le sacrifice de sang. Un drap noir, brodé d'or, porte le nom des divinités de l'abîme : Ausoï, Uliro, Orilu, Sisis. L'encens fume dans les cassolettes, tourne sous le plafond bas de la crypte. Pierre dépose sur le catafalque tendu de soie noire les instruments qui serviront la Messe Rouge ; le calice d'or contenant les ossements, le poignard du sacrifice, le pentagramme d'invocation, et le livre servant à l'appel des divinités.
Et c'est alors, à nouveau, l'appel aux puissances, la réconciliation de l'homme avec la peur, la fascination des Ténèbres dont la beauté a été oubliée par l'homme de la multitude. Un hommage à la vie derrière la mort.
« Seigneur de la Mort et de la Résurrection, Seigneur dispensateur de vie, toi dont le nom est le mystère des mystères… descends dans ton serviteur qui célèbre ton culte ! »
L'invocation roule avec les fumées de l'encens, résonne sous le plafond voûté de la crypte, rugît sur les appareils de contrôle du preneur de son…
« Lucifer, Léviathan, Shatan, Bélial... recevez ce sacrifice ! »
Pierre élève le pentagramme au-dessus du tombeau ouvert. Le cuivre rouge brille à la clarté des cierges.
« Oriens, Paymon, Ariton, Amaymon.... recevez ce sacrifice ! Il est l'heure où le soleil s'obscurcit, où les ténèbres se répandirent sur la terre, où la Parole fut perdue… Iosua, Orilu, Sisis, Uliro, Ausoï, puissances infernales, vous qui portez le trouble dans tout l'univers, abandonnez votre sombre habitation, où que vous soyez… Que celui qui est poussière se réveille de son tombeau, qu'il sorte de sa cendre et qu'il vienne à nous, par Abaddon, l'ange de l'Abîme !… »
Et nous contemplons la pierre froide, grande ouverte derrière le catafalque noir… le trésor de la mort amassé ici depuis des siècles. Spectacle surhumain que ce cimetière appelant à lui, comme une énorme ventouse, la fièvre, la frénésie, la démence…
Dans la crypte saturée d'encens, l'atmosphère s'enflamme, vibre à chaque invocation. La parole tonne dans le silence, outrepasse le pouvoir du silence lui-même, redonne au drame que l'on croyait mort sa splendeur ancienne.
J'élève le poignard, et l'éclair de sa lame répond à l'or du calice, aux lueurs rouges du pentagramme de cuivre… Chaque instrument de métal allume un soleil. Les minutes passent… les heures peut-être. La parole répond au geste ; le geste à la parole.
« Un charme d'une horrible puissance, un sortilège plus ancien que les murs depuis longtemps détruits de Babylone, bien avant que Ninive soit rêvée, vieux par delà la mémoire… Ils sont sept, ils sont sept, sept ils sont. »
Chacun reprend les derniers mots de l'invocation, scande le chiffre sept pour réveiller la vieille obsession, le sortilège de cette prière vieille de 5000 ans.
Des morceaux d'os brûlent avec les pastilles d'encens, dégageant une odeur épouvantable.
Ne pas refuser l'odeur, de la mort. L'aspirer à pleins poumons comme s'il s'agissait d'un oxygène précieux…
« Lucifer, sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ? Celui qui mange ma chair et bois mon sang a la vie éternelle, as-tu dit. Je lui donnerai pouvoir sur les vivants et les morts comme tu me l'as promis, je viens réclamer ce pouvoir, par celui qui siège sur la montagne du Plus-Lointain Minuit et dont l'Esprit demeure dans cette terre consacrée, par celui qui commande aux loups et aux chauves souris. Fais que son esprit pénètre dans ce lieu et l'arrache à la mort. »
Au pied des chandeliers, sur le catafalque noir, une masse de plumes tremblantes. J'immobilise l'animal, mon gant de cuir refermé à la base de ses ailes. Il ne bouge pas. Ses yeux grands ouverts reflètent eux aussi la flamme des cierges. Son regard est fixé définitivement sur la flamme. C'est cette image qu'il emportera dans sa chute obscure : l'image du Feu.
J'élève à nouveau la lame étincelante :
« Seigneur ! Tu désires le sang et tu apporte aux mortels l'épouvante. Reçois à nouveau ce sang qui donne la vie! »
La lame s'abat, et d'un coup violent tranche la tête de l'animal. Il bouge encore… Puis, plus rien.
Je brandis la dépouille pantelante, au-dessus du tombeau ouvert :
« Ange plein de Ténèbres ! Je bois le sang de tes treize plaies ! »
J'aspire le sang par la blessure qu'on ne guérit pas. Quelques instants seulement, puis laisse couler le sang sur la terre du tombeau… cette terre qui appartient à la sépulture du prince Dracula, Seigneur de Valachie.
Pendant quelques secondes, l'âme du sacrificateur franchit des millénaires, respire la légende épouvantable… pendant quelques secondes, elle a vécu un instant de la vie antique, réellement, par delà les limites du temps humain.
Là, sur la pierre du tombeau, sur ce drap noir de catafalque, au fond d'une crypte abandonnée des hommes : le prodige de la vie et de la mort !
L'homme n'a jamais vu, devant lui, l'univers entier dans une tête décapitée ! Tout le mystère des mondes contenu dans une seconde de sang ! Une seconde immobile qui hésite entre la vie et la mort, – un moment pur qui n'appartient ni à la vie, ni a la mort, mais au mystère de la vie et de la mort !…
« Ah ! la trancher, comme celui qui trancha d'un seul coup la tête de Méduse, et, du haut de la scène, la tenir suspendue devant la foule, pour que celle-ci ne l'oublie jamais plus ! As-tu jamais pensé qu'une grande tragédie pourrait ressembler au geste de Persée ?… » [1]
« Je t'adjure, Bélial, par le Pacte et par les Noms, répond à mon appel ! »
Et me voici à genoux sur la terre battue du tombeau, le corps penché sur la tombe ouverte, ma bouche effleurant l'obscurité. Pierre a éteint l'un des chandeliers…
Je cherche dans l'obscurité des mots faits pour l'obscurité, mes lèvres plongées dans l'oreille de la mort, tout près de ce tympan invisible, redoutable, de cette membrane de nuit qui reçoit toutes mes paroles.
La tombe ouverte, avec sa terre que l'on devine baignée de sang, est là comme une araignée géante, silencieuse, qui capture une à une les proies qui descendent vers elle. Ou peut-être, suis-je l'hypnotiseur qui chuchote à l'oreille du malade pour le convaincre de sa grande santé, de son pouvoir de vie sur la mort…
« Esprit de l'Ombre, toi qui reposes dans cette terre, viens à nous avec ton amour, ta souffrance et ton sacrifice. Que ton ancienne douleur entre en nous et parle par ma bouche. Montres-nous ta réalité, afin que nous puissions croire à la puissance de la Volonté sur la Mort. »
Je me redresse au-dessus de la tombe… lève les yeux vers le plafond où roulent toujours les vapeurs lourdes de l'encens. Cette fois-ci, je détache les mots, un à un, comme des blocs de volonté froide, pour bien montrer le réveil du cadavre, sa victoire sur la poussière et la décomposition. Je tiens encore le calice d'or; et les yeux clos un instant, je me vois le front ceint d'un large bandeau d'or, portant une cuirasse d'or inaltérable, un masque de poudre d'or sur le visage, la bouche et le cœur inondés d'or, comme si mon corps tout entier était devenu une réalité alchimique, indestructible, pur à tout jamais, prêt à subir l'assaut des millénaires.
« Seul, privé du froid, privé du chaud, privé des dieux, privé des hommes, venu d'un lieu de grande ténèbres… qui aurait cette force, sinon ceux qui nous ressemblent. Par eux, reçoit la Force qui dénoue la douleur ! »
Un silence… A travers mes yeux mouillés de larmes, comme derrière un écran fluide, je vois briller l'or des objets du culte… un scintillement d'or qui rayonne avec exaltation des larmes devenues or elles aussi.
Pierre, René et Sylvie se rassemblent autour du catafalque, et leur voix racontent l'histoire du sortilège de l'Or :
« Un charme d'une horrible puissance, un sortilège plus ancien que les murs depuis longtemps détruits de Babylone, bien avant que Ninive soit rêvée… »
Aucun esprit dressé devant la caméra d'Antenne 2, aucune manifestation de l'au-delà sur les bandes magnétiques du preneur de son… mais une liturgie, une dramatisation funèbre et glorieuse à la fois, pour celui qui croit encore à la fièvre des mythes, à la splendeur du Feu qui redonne à l'homme l'orgueil des dieux…
… Nous reprenons l'allée qui conduit au mur Nord du cimetière ; et c'est à nouveau le défilé de ces blocs noirs aux formes baroques, le décor de ce théâtre de la mort dans lequel nous venons de jouer un « Mystère », l'escalade du mur dans l'autre sens, le banc qu'il faut replacer pour effacer les traces de notre passage, les arbres du square, à travers lesquels se distinguent les lumières de l'avenue, la grille aux piques acérées… et la rue, comme dans un rêve.
Avenue Gambetta. Les voitures attendent, en bordure de ces immeubles où dorment les vivants d'aujourd'hui… qui sont d'ailleurs, – n'en doutons pas –, les pauvres morts de demain ; eux qui n'ont jamais tenu dans leurs doigts fatigués le crâne vide d'Hamlet, au-dessus d'une tombe ouverte, à l'heure où le poète interroge les puissances de la nuit !
Qu'est-ce que la Messe Rouge… sinon le culte des « Merveilleux cadavres » qui sont morts en surpassant leur propre destin. Un hommage à la volonté devant la mort. Une messe de la beauté. C'est tout cela qu'il me faudra faire sentir – beaucoup plus que comprendre – devant les caméras de télévision, le 26 janvier, date de retransmission du film tourné par Alain Bougrain-Dubourg dans une crypte du Père-Lachaise.
[1] – Gabriele d’Annunzio.
Jean-Paul BOURRE : « Messes Rouges et Romantisme Noir »
Collection « Connaissance de l’étrange » / Editions Alain Lefeuvre / 1980
( ISBN 2.902639.44.9 )
( … à Fr. S-B, en souvenir d’une rouge nuit de déc 87 / K. )
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Jean-Paul BOURRE
15:09 Publié dans Esotérisme/occultisme, Primis Tenebris | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la messe rouge du père-lachaise, jean-paul bourre, synagoga satanae, in memoriam